dimanche 5 octobre 2014

Confronté au désastre


 Confronté au désastre
 Un disciple dit à Joshua : "Maître, confronté au désastre, que fais-tu pour l'éviter ?"
Joshua ouvrit les bras, inspira profondément et dit avec un large sourire : "Ca."
Le disciple dit : "Lorsqu'il y a un désastre, comment l'éviter ?
- Le désastre n'existe pas."
Le terme même lui donne une existence ; la conscience d'un désastre crée le désastre.
Au fond, lorsque nous nous retrouvons dans une situation qui nous paraît catastrophique, nous devrions nous rendre compte que ce qui nous arrive n'est pas horrible. Comme Joshua, nous pourrions dire c'est "ça". Chaque chose qui nous arrive est comme une merveille. Nous sommes au milieu du "truc" et c'est "ça". Nous ne devons pas l'appeler désastre. Nous devons l'appeler la vie avec ses contradictions, ses crises et ses multiples facettes. Au milieu de ce qu'on appelle désastre, nous sommes dans "ça". On me fait un procès, c'est "ça". Notre couple est en crise, c'est "ça".
Avec un tel état d'esprit, on n'évite pas la vie et ses coups durs. Au contraire, on se met au centre de la catastrophe. On fait face à l'événement, on dit "c'est ça" et on le vit. A ce moment-là, le désastre n'existe plus. Il ne reste que la vie avec tout ce qu'elle nous apporte d'évitable et d'inévitable. Tout est mêlé.
Quand Joshua répond "c'est ça" en acceptant l'événement, ravi, il ne donne pas de conseil intellectuel. Il montre qu'il est là. Il montre aussi que si l'on doit parler de désastre, il n'en existe qu'un : le disciple et ses questions intellectuelles.
Lorsque les personnes se plaignent de leur situation, je suis souvent tenté de leur dire : "c'est ça" mais elles sont trop enferrées dans leur souffrance ou leur problème pour accepter. Elles ne comprennent pas qu'on puisse leur dire : "Écoute, ce qui t'arrive n'est pas une catastrophe. N'essaye pas de l'éviter ! Vis !"
"Mon père vient de se remarier. Sa nouvelle femme lui prépare une surprise pour son anniversaire et elle ne m'a pas invitée. Elle n'a pas non plus invité mes frères. Ce n'est pas possible. J'en ai parlé avec eux pour savoir si on y allait ou pas. Tu te rends compte! Elle nous empêche d'aller à l'anniversaire de notre père!
Ton père a une nouvelle femme. "C'est ça". On t'invite, "c'est ça". On ne t'invite pas, "c'est ça". Pourquoi assimiles-tu cet événement à un désastre ? Pourquoi le vois-tu d'une façon négative ?"
"Mon fils ne me téléphone jamais. Je suis désespérée.
- Si ton fils veut t'appeler, il t'appelle. C'est "ça". Sil ne veut pas t'appeler, il ne le fait pas. C'est "ça" aussi."
Il est difficile de parler au gens du détachement car, en général, ils sont très attachés et ils ne peuvent pas se libérer.
Un mystique est justement quelqu'un qui sait se libérer de ses attaches. Comme un bateau qui vient s'ancrer dans un port, il s'attache, mais dès qu'il quitte le port, il lâche les liens qui le retiennent au quai.
(Le doigt et la lune, D’ Alexandro Jodorowsky) 

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